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La musique à partager
Je ne perçois pas la musique "au premier abord" mais "en écho". Et si c'est au premier abord, c'est l'écho que j'écoute tout de suite. Une musique me parle si elle me parvient "indirectement". Comme le vent, elle se charge de parfums qui éveillent l'âme et lui parlent. Pour un peu, je dirais que pour moi la musique est forcément nostalgique. Même quand elle est joyeuse. Elle est passée par quelque part, avant de venir jusqu'à moi. Et c'est ce "quelque part" qu'elle porte en elle qui m'intéresse. Cette phrase de Lamartine me revient souvent à l'esprit, et décrit à merveille ce que j'attends de l'art (et peut-être de l'amour) :
"Pourquoi le prononcer ce Nom de la patrie ?
Dans son brillant exil mon coeur en a frémi.
Il résonne de loin dans mon âme attendrie,
Comme le pas connu ou la voix d'un ami "
Lamartine
Il est sûrement un peu vain de vouloir partager la musique que l'on aime de cette manière. Après tout, c'est pour remédier à cela que je me suis fait moi-même musicien ! Néanmoins, et pour répondre à des demandes très amicales, et parce-que je suis sûr que chacun fait la part des choses, je mets ici quelques liens vers des univers musicaux qui m'ont touché. Dans le désordre, et de manière non-exhaustive, bien sûr.
Si j'ai appris à découvrir et aimer la musique classique, c'est la musique folklorique qui a forgée ma vocation, et ne cesse de la renouveler : religieuse, régionale, nationale, médiévale, militaire, révolutionnaire.
Je distingue le "folklorique" du "populaire". Car le "populaire" englobe indifférement le plat de terroir et le fast-food ; c'est la porte ouverte à tout. Le "folkore" n'induit pas au doute, on sait de quoi on parle. Et c'est de cela que je veux parler, n'en déplaise (et je sais pourquoi).
On ne peut que regretter que ce patrimoine qui constitue notre âme, notre mémoire et notre identité ne soit pas mieux conservé et valorisé. Et particulièrement en France, où la haine de soi atteint des sommets. Et où nos chants et nos danses soulèvent l'ironie malveillante, ou du moins quelque subtile condescendance.
Mais j'ai la foi, et l'expérience me le montre, que les gens finissent par revenir au folklore quand la vie leur fait la leçon, et que leur âme a besoin d'air. Toute personne sincèrement attachée à l'art devrait accorder la plus grande importance à la protection, la valorisation et la transmission du folklore. Le folkore est l'écosystème fertile du grand art. Les "intrants chimiques" de la musique dite populaire, boostée aux artifices que l'on sait, ne font qu'erradiquer le folklore, et conséquement l'art.
- Oeuvres "20ème siècle"
- Oeuvres "classiques"
- Oeuvres traditionnelles, folkloriques, Chansons napolitaines et Choeur de l'Armée rouge
- Opéra
- Abraham Cupeiro joue du CARNYX, instrument de musique sacrée des gaulois (proche du cor moderne). extrait 1 extrait 2 extrait 3 extrait 4 - oeuvre écrite extrait 5 avec corne romaine
RACHMANINOV : Liturgie des Vêpres (intégrale) n°5 "Nine otpushtchaiechi"
C'est à cause de cette musique que j'ai décidé finalement de consacrer ma vie au chant. Rachmaninov en a tiré les thèmes de la liturgie populaire orthodoxe. Je disposais de la version irremplçable à mes yeux (et mes oreilles) par le Choeur National Bulgare (avec le ténor Todor Grigorov), que je ne retrouve pas sur internet. Cette version est également très belle, même si elle est bien-sûr différente pour moi de celle que je connais par coeur...
Cependant quelques extraits récents du Choeur National Bulgare donne une idée de l'ensemble. Leur disque (de 1978 je crois) reste disponible à la vente.
Version par le Choeur Biulgare (extrait)
Quelques oeuvres "20ème siècle"
Anton WEBERN : Quatuor op. 28 (par le Quatuor Debussy)
Anton WEBERN : 6 pièces pour orchestre op.6
Anton WEBERN : Vier lieder op. 12 (Christiane Oelze - Eric Schneider)
Veljo TORMIS : Raua Needmine (clip vidéo original 1985)
Veljo TORMIS : Raua Needmine (Choeur étudiant d'Oregon - Lonnie Cline)
Veljo TORMIS : Incantatio Maris aestuosi (Choeur Voce Veritas - Ko Mastushita)
Gérard GRISEY : Vortex Temporum (Ensemble "Sonorama", dir Santiago Santero, Garth Knox)
Aloïs HABA : Nonnet n°4 (Czeck Nonett)
Henry COWELL : Concerto pour piano
Henry COWELL : Trois légendes irlandaises (Schleiermacher)
Charles IVES : Trois pièces pour Deux pianos en Quart-de-ton : 1ère - 2ème - 3ème entier
Einojuhani RAUTAVAARA : Cantus arcticus (concerto pour oiseaux et orchestre)
Luciano BERIO : Sequenza n°11 pour Guitare seule
Répertoire "classique" :
Anton BRUCKNER : Symphonie n°7 (Sergiu Celibidache)
J.-S. BACH : "ich habe Genug" Cantate 82 (Hans Hotter)
BEETHOVEN : Sonate Appassionata (Emil Gilels)
SCHUBERT : Impromptu n°3 (Vladimir Horowitz)
WOLF : "Anakreons Grab" (poème de Goethe) (Hans Hotter)
Gabriel FAURE : Quintette n°1 pour piano et quatuor à cordes (Quatuor Parrenin - JP Collard)
Joseph HAYDN : Concerto pour piano n°11 (Mikhail Pletnev)
Joseph HAYDN : concerto pour piano n°11 (Paul Badura-Skoda)
Joseph HAYDN : Sonates pour le piano forte "Sturm und Drang" ( Paul Badura--Skoda)
Joseph HAYDN : Trio pour Baryton (Münscher bariton trio)
Chants traditionnels :
Les compositeurs et les poètes ont toujours puisé dans le peuple et ses traditions une part de leur inspiration.
C'était un véritable ballet champêtre, d'une superbe allure. Hélas ! le souvernir en est perdu. La chanson du café-casino et, depuis peu, l'absurde phonographe onf fait reléguer vieux airs, et vieilles sauteries. La vraie joie est morte avec eux, et le vigneron du vingtième siècle n'a que mépris pour l'ancien temps.
Maurice Emmanuel, 30 chansons bourguignonnes du pays de Beaune (mai 1914)
Légion étrangère : "Le Diable marche avec nous" (Choeur du 2ème REP)
Legion étrangère : "Nous sommes tous des volontaires" (Choeur du 1er REI)
Légion étrangère : Contre les viets (Choeur de la Légion - Andre Semler-Collery)
Légion étragère : Une colonne de la légion (choeur du 1er REC)
Légion étrangère : "Le boudin" (Choeur de la Légion Semler-Collery & Jansen)
Youri LEVITAN (presque de la musique contemporaine, pour voix seule)
Youri LEVITAN (dovument sonore : la voix parlée déjà musicale)
Chants des montagnards, par le député Jean Lassalle
Bourée à 3 temps - danse auvergnate (l'armoire bleue)
SCHUBERT : Messe allemande, "schubertiade" en plein air dans les Vosges (dir, André Charles)
"Aux Marches du Palais" (traditionnel), par le Poème harmonique
"Gentils galants de France" (traditionnel) par l'ensemble Xeremia
"L'Amour de moi y est enclose" (choeur national de jeunes) par un choeur indonésien et par 3 jeunes personnes
VERDI : "Hymnes des Nations" (Jan Pierce, Toscanini) (commence à la 12ème minute)
Chanson napolitaine
La chanson napolitaine est un style folklorique du sud de l'Italie, chanté dans le dialecte de cette ville. C'était un répertoire de chansons qui était entonné notamment lors des mariages, mais aussi dans les cabarets. En Italie, la chanson napolitaine est aussi bien chantée par les chanteurs populaires que par les chanteurs d'opéra. Les thèmes en sont l'amour, la nostalgie et la beauté des choses de la nature propres à cette région. Certaines cultures privilégient le chant collectif, d'autres le chant individuel, certaines le chant féminin et d'autres le chant masculin, certaines les voix graves et d'autres les voix aiguës : chaque genre est passionnant. Le chant napolitain semble volontiers une affaire d'hommes, et la voix celle du ténor. Giuseppe di Stefano, originaire de la Sicile voisine, est celui qui me passionne le plus dans ce répertoire. Avant de devenir célèbre à l'opéra, il a gagné sa vie en chantant ces chansons.
Na serra 'e maggio Piscatore e' Pusilleco Fenesta che lucive Passionne Voce 'e Notte
Silenzio cantatore A Marechiare Torna a Surriento Tu, Ca Nun Chiagne !
"O paese d' 'o Sole Santa Lucia I'te Vurria Vasà ! Core 'ngrato Chiove Sante Lucia Luntana
Senza Nisciuno E Palumme Maria, Mari Dicitencello Vuie Autunno
Choeur de l'Armée rouge :
Le meilleur choeur du monde, dont les enregistrements ont marqué mon enfance et ma mémoire à jamais. Qui ne se souvient pas de la profondeur spatiale de ce Choeur, qui semble tout à la fois un grand-orgue et une matière vivante ? Aujourd'hui, avec le recul du temps et du métier, j'admire l'incomparable intérgité des timbres, et la formidable réussite des arrangements, à la fois simples et savants, de thèmes du folklore populaire. J'espère qu'un jour on pourra dépasser les querelles idéologiques, pour réaliser une vraie étude musicologique et artistique de cette part du patrimoine européen.
Chanson des Bourlacks de la Volga Dans la steppe immense autre version + film
En route ! (En version concert) La Varsovienne La Varsovienne (version Choeur Mixte) Adieux à Slaviansk
Plaine, ma plaine ! Plaine, ma plaine (Concert 1963) Plaine ma Plaine 1937 La Guerre sacrée
Katioucha La Falaise sur la Volga Par les Plaines et les collines (les partisans rouges) Souliko
Les bateliers de la Volga Loin derrière la rivière Les Martyrs Nous allons hardiment au combat
Les Survivants (vous êtes tombés pour tous ceux qui ont faim) Les Survivants (extrait du film "Le jeune Maxime")
Corbeaux noirs (film) 5 chants Orgue et Choeur, avec film d'art Le Soleil se couche derrière les montagnes 2
Corbeaux noirs (chant) Chants et danses de l'Ensemble Alexandrov à Berlin
Katioucha (Vinogradov) Les Yeux noirs (Vinogradov) Solovii (Vinogradov) Dans la forêt près du front
Opéra :
Paradoxalement, j'écoute peu d'opéra (Wagner mis à part), et je vous partage ici les chanteurs qui m'ont le plus marqué. En matière de chant, c'est d'abord le timbre, plus que l'interpréation musicale ou dramatique, qui compte pour moi. Le timbre me semble être le visage de la voix. Dès lors, un visage, on l'aime dans toutes ses interprétations. Et d'ailleurs, on n'aime pas forcément un visage, mais pour des raisons impénétrables, il nous marque. Voici mon approche.
Serguei Lemeshev (ténor) :
Un chanteur que je découvre récemment et par hasard. Incroyable ! Profondeur, douceur, pénétration et dignité...
BIZET : Romance de Nadir - Les Pêcheurs de perles (Serguei Lemeshev)
WAGNER : récit du Graal de "Lohengrin" (Serguei Lemeshev)
Gerorgy Vinogradov (ténor) :
Giuseppe di Stefano (ténor) :
Un des seuls ténors "italiens" que j'écoute sans me lasser. Il n'y a sans doute pas de hasard, car il était le partenaire de scène favori de Maria Callas... Il suffit de l'entendre dans les premiers récits du 3ème acte des Puritains (que je n'ai pas en lien ici), pour revivre entièrement... Et si je le trouve extraordinnaire dans Bellini, et plus encore dans le folklore napolitain.
BELLINI : Les Puritains "Credeati si misera" (Giuseppe di Steffano - Maria Callas)
BELLINI : Les Puritains "Vienni fra queste braccia" (Giuseppe di Steffano - Maria Callas)
DONIZETTI : L'Elixir d'Amour "Una Furtiva lagrima" (Giuseppe di Steffano)
BELLINI : Les Puritains Acte 3 (à partir 1h57')
Jan Peerce (ténor) :
Juif new-yorkais, ténor "italien" favori de Toscanini dans ces années. Quelque chose de revigorant, vibrant, et inexorablement jubilatoire. Il m'évoque la source de la jeunesse éternelle. Il chanta aussi bien les chants religieux traditionnels de sa communauté, que les grandes pages de l'opéra. Il est aussi l'impérissable soliste de l'Hymne des Nations, enregistré en 1943 quand la barabrie anéantissait l'Europe.
HALEVY : "Rachel, quand du Seigneur" (Jan Peerce)
VERDI : "Quando le sere al placido" - Luisa Miller (Jan Peerce)
Max Lorenz (ténor) :
Exceptionnel dans les années de guerre. Son Tristan de 42 ou 43 est une oeuvre d'art en soi. Il a "brûlé" avec l'Europe. Sa voix mourut avec le folie qui a détruit notre continent peut-être à jamais.
WAGNER : extrait Tristan acte 3 ( Max Lorenz - Jaro Prohashka)
WAGNER : extrait Tristan acte 3 (Max Lorenz - Jaro Prohaskha - Paula Büchner)
Set Svanholm (ténor) :
j'aurais aimé pourvoir mettre en lien son excellent final de Siegfried, qui n'est pas en ligne. Il faut aussi l'entendre dans le Crépuscule des Dieux. Il brille plus par sa capacité narrative et littéraire hors du commun que par la plasticité de sa voix.
WAGNER : "Höchstes Vertrau'n" de Lohengrin (Set Svanholm)
WEBER : "Durch die Wälder" - der Freischütz (Set Svanholm)
Ramon Vinay (ténor) :
Une voix qui m'a fait regarder vers le haut... et m'a ouvert mon propre (petit !) chemin. Il reste un de mes interprètes préférés.
WAGNER : "O Sink hernieder" - duo de Tristan und Isolde (Ramon Vinay, Martha Mödl)
WAGNER : "Nur eine Waffe taugt" - Parsifal (Ramon Vinay)
Hans Hotter (baryton-basse) :
La sobriété, la classe, la culture, l'Europe... tout cela dans les seules moirures de sa voix.
WAGNER : "Die Frist ist um" - Le Vaisseur fantôme (Hans Hotter)
WAGNER : Adieux de Wotan - La Walkyrie (Hans Hotter)
WAGNER : Méditation de Hans Sachs - Les Maitres chanteurs (Hans Hotter)
Kirsten Flagstad (soprano) :
Le premier rayon du Soleil qui se lève après la Nuit polaire, par dessus les montagnes... un timbre continu, une force élémentaire.
WAGNER : "immolation de Brünnhilde" dans Le Crépuscule des Dieux (Flagstad - Furtwängler)
Josef Greindl (basse) :
Ma basse favorite. Muscialité intense, et discrétion en rapport. Et une voix hors du commun. Bien-sûr c'est dans Wagner qu'il faut l'écouter (Gurnemanz, König Marke, Hundig, Hagen, etc.), il chante comme un récital !
MOZART : " O Isis und Osiris" La Flûte enchantée (Josef Greindl)