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Rondeaux L'Amour de la poésie
Quatre poèmes extraits de L'Amour de la poésie :
Printemps
(rondeau)
Descends sur les coteaux
Printemps de nos années,
Et nos larmes glacées
Vient faire fondre tôt.
J’entends là un oiseau
Qui chante, aube donnée,
Descends sur les coteaux
Printemps de nos années.
Que l’on mette au linteau,
Près de la date-née,
La verte panacée
De l’un de tes rameaux,
Descends sur les coteaux !
* * *
Rondeau
(à Charles d’Orléans)
Aux premiers jours de Printemps,
Renouvellement de jeunesse,
An après an revient promesse
Que cœur ne sait dire pourtant.
O noirs frimas allez vous-en
Qui joigniez mon âme en détresse,
Aux premiers jours de printemps
Renouvellement de jeunesse !
Si je pleure combien comment,
Que Mars irrupte en son adresse,
L’air nouveau m’arrête en ivresse
Et je me sens un commençant
Aux premiers jours de printemps.
* * *
Chanson
(en mars)
Printemps de mes vingt ans
Quand tout semblait fidèle
Et que toute querelle
S’éteignait avec l’an !
Poète débutant
Je marchais sur des ailes,
Printemps de mes vingt ans
Quand tout semblait fidèle !
Je me meurs maintenant
En d’autres morts cruelles,
Que la saison nouvelle
N’éteint plus seulement,
Printemps de mes vingt ans.
* * *
Rondeau
Hélas, ma belle plus ne rit,
Blanches dents et blanches dentelles ;
Oui, on m’a enlevé ma belle :
Elle se tut, on me la prit.
A mes mots, prend un air contrit
Et sa grâce plus n’échevelle,
Hélas, ma belle plus ne rit,
Blanches dents et blanches dentelles.
La voix d’argentin coloris
Qui en sa gorge ouvrait son aile
Ne monte plus du profond d’elle,
Et ses yeux se sont assombris,
Hélas, ma belle plus ne rit.